Afin de protéger sa vie privée, nous avons décidé de surnommer notre victime «  Mousso Déni »

Elle en entendait parler mais jamais, elle n’aurait pu imaginer que cela arriverait à quelqu’un qu’elle connaissait, encore moins à sa propre fille. Elle, c’est la mère de Mousso Déni, une des nombreuses victimes de violences sexuelles. L’histoire, la voici, racontée par Mousso Déni et sa mère.

 

C’est en pleurs, le regard fixé au sol, les doigts en perpétuels mouvements comme si elle voulait refouler ce souvenir, que la victime s’est confiée à notre équipe.

« Pendant qu’on s’amusait sur la terrasse, un fofo de la maison, m’a demandé de le suivre à l’intérieur. Il m’a conduite dans une chambre, m’a demandé de me coucher au sol et que je me déshabille. Il s’est ensuite déshabillé et a essayé d’introduire son appareil génital dans le mien. J’avais mal et je voulais crier mais il avait retenu ma bouche fermée en me disant que ce n’était rien et que tout ce que j’avais à faire, c’était me taire. J’ai obéi. Pendant qu’il essayait toujours de me pénétrer, un monsieur est entré dans la chambre et a crié… ».

La victime, plongée dans ses souvenirs, n’arrivait plus à nous conter la suite de sa mésaventure. C’est à sa maman qu’échut la douloureuse tâche de poursuivre la narration.

« Notre histoire remonte à 2015, année à laquelle ma fille bouclait ses 05 ans d’âge. Je me préoccupais beaucoup de l’éducation de mes enfants et donc, je ne les laissais fréquenter que ceux que je pensais dignes de confiance. Ma fille, mon aînée de nature timide, ne passait pas trop de temps dehors. Mais, ce jour-là, pendant qu’il pleuvait, elle avait décidé de s’amuser avec les locataires de la chambre voisine. De grands garçons qu’elle appelait affectueusement grands frères et à qui je la confiais sans hésiter quand je devais faire un tour en ville. Il était 18h, l’heure à laquelle je m’active à la cuisine pour le repas du soir. Ce soir là, j’ai dû quitter en sursaut ma cuisine parce qu’alertée par les cris de la voisine qui me demandait de venir voir ma fille allongée au sol. Ma fille était nue et se tordait de douleur.  Elle disait ressentir des douleurs au niveau de son vagin. Je ne comprenais rien de ce qui se passait. Je l’ai aussitôt conduite à l’hôpital pour en savoir plus. Bientôt 3 ans que nous avions vécu cette histoire  mais il arrive  encore des moments où ma fille se plaint des douleurs et démangeaisons au niveau de son sexe. Quand ça arrive, j’y mets certains produits qu’on m’a conseillés. Ces produits la piquent un peu mais après un moment, ça passe».

La mère de Mousso Déni, lors de l’entretien, nous a confié que le tuteur du violeur et les gens du quartier ont voulu régler le problème à l’amiable mais qu’elle a tout fait pour voir le Chef de Brigade de la gendarmerie de la localité avec son époux, le père de Mousso Déni. Malheureusement, l’affaire n’a pas abouti parce que le médecin traitant a déclaré que leur petite fille, qui venait d’être violée, n’avait aucune déchirure. « Nous la surveillons depuis ce temps et discutons beaucoup avec elle, pour atténuer le choc psychologique, qui aujourd’hui semble encore perceptible. Nous ne sommes plus jamais retournés à l’hôpital pour une consultation gynécologique après ce viol, faute de moyens. »

Des histoires, comme celles de Mousso Déni, on en entend tous les jours. La protection, la préservation de nos enfants et la dénonciation d’actes similaires doivent être encouragées pour décourager de tels actes. Protégeons nos filles en dénonçant toute situation similaire dont nous aurions été informés de sources sûres ou que nous avions directement vécu en tant que témoins des faits. Dans le cas décrit ici, l’auteur n’a pas pu être poursuivi mais il aurait pu l’être si chacun avait joué convenablement le rôle qui est le sien. Travaillons ensemble à offrir un cadre sain dans lequel nos filles pourront grandir sans crainte.

Suivez la vidéo, réalisée en partenariat avec E-télé sur ce cas criard :

 

Irmine Fleury Ayihounton

Irmine Fleury Ayihounton

Béninoise née le 12 Avril à Cotonou, je suis Spécialiste en Développement Communautaire et je poursuis actuellement une maîtrise en santé publique à l'Université de Montréal. Je m'investis au quotidien sur les questions de santé de reproduction, de leadership et développement des filles et femmes d'Afrique.

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