En Afrique, dès le bas-âge, la petite fille est éduquée avec une certaine rigueur. Rigueur dans le choix de ses distractions (non tu vas te blesser avec ça), de ses vêtements (cette couleur fait garçon), de ses jouets (une arme pour toi ? non ma petite, il te faut une poupée) et même dans le choix de ses tâches domestiques (ton rôle c’est de m’assister à la cuisine). Pendant qu’on y est, le petit garçon, au lieu d’une poupée, à chaque noël, il reçoit un jeu instructif, un avion volant, une voiture filante, une arme à eau qu’il a le temps de détruire et de reconstruire développant ainsi son intelligence et la curiosité d’en savoir davantage.

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Avec le temps, la petite fille grandit dans une certaine douceur,  convaincue qu’elle devra être douce, qu’elle doit éviter les travaux à risques « destinés au sexe opposé », qu’elle est bonne à la cuisine, qu’elle est faite pour construire une famille heureuse et, à la limite, n’a pas grand intérêt à faire de longue étude au risque de ne pouvoir en jouir.  Parfois, pour rester en adéquation avec l’éducation reçue, elle se sent dans l’obligation de raccourcir ses études pour le besoin d’une vie de couple aisée. Naïve, dans bien de cas, elle se fait facilement avoir par le tonton du quartier qui lui promet une vie de rêve.

Elle se sent heureuse d’avoir rencontré l’homme de sa vie, prête à se battre et se soumettre. Hélas, l’avenir nous en dira plus avec 02 enfants et les difficultés de les nourrir. Elle se demande s’il ne faut pas retourner chez les parents. Honte ou échec, elle décide de subir un moment. Elle accepte les humiliations, les insultes, les coups dans l’espoir de s’en sortir un jour. Mais finalement, ce jour ne viendra jamais parce que son avenir a été hypothéqué depuis son enfance par une surprotection parentale.

Par ailleurs, certains parents dans la préservation de la dignité familiale ou au nom de la pauvreté, donne avec fierté leurs petites filles en mariage en ignorant les souffrances qu’elles pourraient y endurer. Un enfant qui se sent dans l’obligation de mettre un autre enfant au dos, d’accomplir les tâches d’une femme mariée, reçoit un coup psychologique violent qui affectera certainement toute son existence.

Imaginez-vous votre petite fille, nièce, cousine d’aujourd’hui dans ces circonstances demain ? Certainement pas. Accordez leur donc la chance de vivre pleinement leur enfance, d’explorer tous les domaines et de faire leur choix. Au finish, vous-en serez fiers.

Eh biiiiinnnnnn ! Pour l’instant, on se concentre sur ceux qui sont déjà victimes de ces situations.

Irmine Fleury Ayihounton

Irmine Fleury Ayihounton

Béninoise née le 12 Avril à Cotonou, je suis Spécialiste en Développement Communautaire et je poursuis actuellement une maîtrise en santé publique à l'Université de Montréal. Je m'investis au quotidien sur les questions de santé de reproduction, de leadership et développement des filles et femmes d'Afrique.

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