A l’occasion de la Journée Internationale de la Fille (JIFI), il me plaît de vous compter ma meilleure expérience de jeune fille. A la base, ce n’était qu’un projet que j’ai pensé pour opérer un changement. Avec le temps, c’est devenu un rêve. En prenant corps, ce rêve a exercé une forte pression sur moi. Pour finir, il a donné lieu à une satisfaction et un défi.
Il y a un an, je lançais grâce au programme TakeOver, la campagne « Aux filles, l’égalité » de Plan International. Une expérience formidable qui m’a permis de partager ma vision et surtout de prendre conscience de la place que je voulais occuper dans cette campagne de changement social.
Engagée pour la promotion des droits des filles, j’ai décidé d’aller à la rencontre des adolescentes du septentrion. Au départ, tout ce que je voulais avec Obinrin, c’était une présence virtuelle pour dénoncer. Après quelques mois d’exercice, j’ai compris qu’il fallait aller au-delà du virtuel et se rapprocher de la cible. Mais comment y arriver était le véritable challenge.
J’ai voulu sortir de mon cadre habituel d’intervention pour vivre d’autres réalités. Celles des filles du Nord-Bénin, la région du pays où l’on enregistre les forts taux de mariage d’enfants. De quoi est fait leur quotidien ? Quels sont leurs défis ? Et quels sont les moyens dont elles disposent ? Ce sont notamment les questions auxquelles je voulais avoir des réponses.
J’ai alors pensé le camp Obinrin qui a rassemblé des jeunes filles venues de Parakou, N’dali, Tchaourou, Kouandé, Boukoumbé, Toucountouna et Natitingou. Durant 05 jours, je les ai davantage côtoyées et j’ai pu découvrir la spécificité de chacune d’entre elles. Originaires d’un même pays, éduquées selon une même culture et étant de la même tranche d’âge, chacune d’entre elles avait sa particularité et ses rêves.
Je me suis donnée la responsabilité de façonner la vie de ces filles en quelques jours. J’ai redécouvert grâce à leurs motivations, les difficultés auxquelles étaient confrontées les filles au Bénin. Manque de moyens financiers, difficulté d’accès à l’information en matière de droits, abus sexuels, déscolarisation, non prise en compte des besoins, difficulté de gestion de la période menstruelle, harcèlement sexuel sont autant de maux qu’ont mentionné les participantes.
Pour cette 1ère édition, j’ai avec mon équipe travaillée avec 42 adolescentes filles. Avec elles, j’ai découvert à nouveau, la capacité des filles à conquérir le monde. Pleines de vie, disposées à apprendre, motivées par leurs rêves, elles n’ont besoin juste que d’espaces sûrs pour développer leur plein potentiel.
Découverte, apprentissage, cuisine, animation, danse, partage d’expériences et jeux divers ont meublé notre séjour. J’ai vécu pleinement et positivement cette expérience au milieu des filles mais parfois stressée par certains faits ou comportements.
Satisfaites à l’instant présent et soucieuses de leur avenir la minute d’après, ces filles m’ont fait revivre mon adolescence. Elles m’ont rappelé mes séjours à Dassa ; sauf que là, c’était un autre cadre.
Au-delà du camp, c’est une nouvelle famille que j’ai gagnée avec la responsabilité d’aider ma famille à nourrir ses rêves, à se battre pour les réaliser et à impacter les gens autour d’elle.
Aujourd’hui, quand je pense à toutes ces filles avec qui je travaille et notamment à toutes celles victimes de viol, j’ai la certitude que Obinrin a sa raison d’être.
A l’occasion de la JIFI 2019 où les réflexions sont orientées vers le pouvoir des filles, je voudrais nous inviter à aller au-delà des émotions sur les statuts de réseaux sociaux. Travaillons en synergie pour décourager ces actes de violences afin d’offrir à chaque fille la possibilité de s’épanouir et de grandir dans un environnement sain.
J’avoue tu es une brave battante que j’admire bien
Aussi calme mais une force tranquille dans la tête
Ravi d’avoir fait l’expérience DAKAR 2019 avec toi