J’ai écrit, il y a un mois environ, cet article http://obin-rin.com/vidomingon-lhistoire-dune-vie/ et après sa publication sur les réseaux sociaux, une amie m’envoie sur Messenger l’image à la une. Il s’agit d’une petite fille, la dizaine environ, victime du phénomène de vidomegon. Pour en savoir davantage sur elle, Obinrin est allé à sa rencontre et vous propose de découvrir l’histoire de cette fillette que nous nommons, ici, Baké.

Originaire du Nord Bénin, Baké est issue d’une famille nombreuse et à faible revenu. On dirait même que la vie n’a pas été très clémente avec cette famille. Les parents de la victime n’avaient pas les moyens nécessaires pour satisfaire aux cinq (05) besoins vitaux de leur progéniture. Malgré la gratuité de l’école primaire dans notre pays, la petite Baké n’a pas eu la chance d’être scolarisée. A 10 ans, elle capitalise environ cinq (05) années de services rendus à autrui.

A la question de savoir si elle aurait voulu aller à l’école, Baké, l’air triste, nous répond en langue Fon : « oui, je veux pouvoir lire, écrire et parler français comme tout le monde ».

Devenue enfant placé, allant de maison en maison à Cotonou, Baké  aide ses  « tanties » comme elle a l’habitude d’appeler les femmes pour qui elle travaille à prendre soin de leurs maisons, à entretenir leurs commerces et toutes autres activités. Ses services sont récompensés par un coût forfaitaire de 5000F CFA (moins de 8 euros), versé mensuellement à ses parents. Considérée à son âge comme une « domestique », elle n’est exemptée d’aucune tâche. Actuellement, elle aide sa «tantie» du moment dans la vente d’igname frite et de beignets, un travail à risque pour un enfant de 10 ans.

Cette fillette, pour permettre à ses frères et sœurs de survivre, s’est retrouvée dans l’obligation de sacrifier son avenir et ses rêves. Victime d’injures, d’humiliation, de coup de fouets, de corvées et privée souvent de quoi à manger et même de sommeil, Baké souffre le martyr dans l’espoir qu’un jour, elle retrouvera sa famille.

Elle finit son histoire en nous avouant qu’elle aurait voulu être une défenseure des droits des enfants si elle avait été scolarisée.

J’imagine que plusieurs filles souffrent dans le silence comme cette fillette de 10 ans qui ne demande qu’à profiter pleinement de son enfance aux côtés de ses parents et surtout de bénéficier d’une éducation adéquate. Hélas! La pauvreté est ainsi devenue une excuse fondamentale pour violer les droits des enfants.

Il nous faut continuer à dénoncer toutes les personnes qui s’adonnent à cette pratique pour qu’elles puissent subir les sanctions prévues par loi N°2015-08 du 23 janvier 2015 portant code de l’enfant en République du Bénin.

Irmine Fleury Ayihounton

Irmine Fleury Ayihounton

Béninoise née le 12 Avril à Cotonou, je suis Spécialiste en Développement Communautaire et je poursuis actuellement une maîtrise en santé publique à l'Université de Montréal. Je m'investis au quotidien sur les questions de santé de reproduction, de leadership et développement des filles et femmes d'Afrique.

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