Connu au Bénin sous le terme « Vidômingon », le phénomène d’enfants placés perdure depuis plusieurs décennies.

En effet, certains parents dans le but disent-ils d’assurer un meilleur avenir à leur progéniture, n’hésitent pas à les confier à un ami, un parent, une simple connaissance ou parfois même à une agence mise en place pour gérer de pareils projets. Aux parents restés au village pour la plupart, leurs filles deviennent ainsi de véritables sources de revenus sans leur volonté. Il leur est très tôt miroité une vie en rose dans la métropole avec à la clé une promesse de les inscrire dans des centres d’apprentissage en  vue de les rendre autonomes plus tard.

Quelle ne fut pas la surprise de bon nombre de ces filles dites vidômingon qui, une fois dans leurs familles d’accueil sont obligées d’oublier toutes les promesses à elles faites? Elles ne sont pas traitées comme des enfants parce que devant s’occuper des travaux domestiques, faire la cuisine, la lessive et le ménage. Elles dorment tard, se lèvent tôt, ne mangent pas à leur faim, n’ont pas de distractions comme des gens de leurs âges. Elles sont difficilement ou même pas du tout placées dans un centre de formation ou inscrites à l’école. Ces enfants placés deviennent ainsi des domestiques qu’on exploite bafouant ainsi les clauses de départ avec les parents et autres personnes intermédiaires.

Face à cette situation devenue parfois difficile à supporter, certains enfants placés préfèrent fuguer et faire face à leur destin.  On en trouve dans le lot, filles et garçons transformés du coup  avec le profil d’enfants de la rue. Ils envahissent les couloirs des marchés, mendient, s’adonnent au sexe contre leur volonté avec pour seul objectif de ne pas mourir de faim. Le décor devient alors tout autre avec les réalités de la vie qui ont noms : prostitution, vol, braquage et autres. D’autres, certainement les plus chanceux préfèrent retourner dans leur famille pour souffrir peut-être le martyr mais bénéficier de la chaleur familiale. Cela paraît une option moins risquée car les autres, au finish, en lieu et place des certificats de formation ou diplômes académiques devront supporter des grossesses précoces et non désirées, pratiquer des avortements clandestins, des Infections Sexuellement Transmissibles y compris le VIH. Ce qui change de toute évidence le cours normal de leur vie.

A qui la faute? Aux géniteurs pour avoir fait confiance au présumés tuteurs ou tutrices? Aux tuteurs/tutrices pour avoir manqué de respecter leur part de responsabilité en offrant un meilleur cadre à ces enfants?

Les réponses éventuelles à ces différentes interrogations ouvriront sans doute des débats de là où vous lisez en ce moment. Tout compte fait, le phénomène de vidômingon entrave le bonheur de nombre d’enfants et constitue une violation de leurs droits. Chacun est donc invité à agir pour dénoncer et punir les différents acteurs et complices de ce fléau afin de mettre fin au tout éventuel mauvais traitement à l’égard des enfants.

Irmine Fleury Ayihounton

Irmine Fleury Ayihounton

Béninoise née le 12 Avril à Cotonou, je suis Spécialiste en Développement Communautaire et je poursuis actuellement une maîtrise en santé publique à l'Université de Montréal. Je m'investis au quotidien sur les questions de santé de reproduction, de leadership et développement des filles et femmes d'Afrique.

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