Instituée depuis 1999, la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes est l’occasion idéale pour réfléchir ensemble sur la question, faire le point des avancées et proposer de nouvelles perspectives d’amélioration.

En effet, les violences faites aux femmes sont massives et largement répandues au sein de notre société. Partout, elles perpétuent les inégalités et la domination et suscite l’action. Elles n’épargnent aucun milieu, aucun territoire, aucune couche sociale et aucune génération.

A l’occasion de cette journée, je vous emmène dans l’univers des jeunes-filles victimes de violences dans leurs relations amoureuses, un phénomène qui gagne du terrain et affecte le mieux-être des jeunes filles. L’adolescence reconnue pour être le temps des premières amours se révèle être aujourd’hui une période risquée au cours de laquelle la jeune fille se retrouve confrontée à toutes sortes de violences.

Voici l’histoire d’une jeune fille, étudiante, âgée de 19 ans qui a bien voulu se confier à notre équipe:

« Je suis dans une relation amoureuse depuis environ 1an et demi. Mon petit ami est aussi étudiant sur le campus et me soutient dans toutes mes initiatives. S’il y a une chose sur laquelle on ne s’accorde pas, c’est qu’il veut tout le temps avoir des rapports sexuels avec moi même quand je suis en menstrues. Les jours où je lui résiste ou lui explique calmement que je n’en ai pas envie, c’est parti pour une semaine de silence et finalement, je suis celle qui cède encore. Il devient mécontent et m’ignore et je me retrouve dans l’obligation de céder. Il m’est arrivé plusieurs fois de pleurer au cours de nos rapports sexuels parce que je me sens chosifiée. J’ai subi cela pendant 1 an et demi mais là, je ne le supporte plus, il m’arrive de lui dire des mensonges pour éviter qu’on se voit. Ce comportement affecte énormément notre relation parce que malgré mon désir de passer du temps avec lui, je préfère le fuir pour éviter les rapports sexuels. J’ai l’impression d’être déconnectée parce que quand j’en parle à mes ami(e)s, ils ne trouvent aucun inconvénient à satisfaire les désirs sexuels de son partenaire même quand l’on n’en a pas envie.»

ELLE est une victime parmi tant d’autres. Ce témoignage est la preuve que les violences sont bien présentes au sein des relations amoureuses. Les filles subissent au quotidien les violences de la part de leur partenaire sans vraiment s’en rendre compte. Elles ignorent que la fille a la possibilité de dire à son petit ami « je n’ai pas envie d’avoir un rapport sexuel ce soir ». Nous évoluons dans une société où on apprend à la jeune fille qu’elle n’a pas le droit de tourner le dos à son mari dans le lit conjugal quelle que soit la raison. Cette éducation fait des jeunes filles, des personnes soumises qui font passer en relation, le désir de leur partenaire avant le leur.

Il est donc urgent d’intervenir auprès des jeunes et continuer de faire la promotion de relations saines, harmonieuses et égalitaires à travers des actions dans les écoles et universités.

A toutes ces filles brimées, méprisées, chosifiées et violentées en amour, souvenez-vous que l’amour rend heureux. Il ne fait pas de dégâts corporels, ni psychologique.

Irmine Fleury Ayihounton

Irmine Fleury Ayihounton

Béninoise née le 12 Avril à Cotonou, je suis Spécialiste en Développement Communautaire et je poursuis actuellement une maîtrise en santé publique à l'Université de Montréal. Je m'investis au quotidien sur les questions de santé de reproduction, de leadership et développement des filles et femmes d'Afrique.

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